Voilà six mois que je suis arrivée au Japon, six mois que je repousse la mise à jour de ce blog…mais une expérience merveilleusement surprenante, une expérience à la japonaise que je tiens absolument à partager, me pousse à écrire aujourd’hui cet article ! Est-ce que ce sera assez pour me lancer et que je m’y mette enfin sérieusement, seul l’avenir nous le dira ;-p
Donc pour revenir à cette expérience, elle ne représente rien de révolutionnaire, et pourtant illustre parfaitement un aspect important du Japon que les japonais nomment Omotenashi. Le genre d’expérience dont j’avais déjà entendu parler mais que je ne pensais malheureusement jamais vivre. Le genre d’expérience qui nous arrive quand on s’y attend le moins, et c’est aussi ce qui en fait la magie !
Omotenashi qu’est-ce que c’est ? Comme tous les « concepts » japonais, il est difficile d’en donner une définition simple et précise, tout d’abord parce que c’est propre au Japon, et ensuite parce que ça n’est qu’en en faisant l’expérience que l’on comprend l’essence du mot, mais je vais tout de même essayer d’expliquer et d’illustrer ce concept. Donc « Omotenashi » peut tout simplement être traduit par « l’hospitalité à la japonaise », ce n’était pas si dur que ça me direz-vous ! Sauf que chaque pays, chaque peuple, et peut-être même chaque individu, a sa propre conception de l’hospitalité et donc cette traduction reste assez abstraite.
Omotenashi peut se « produire » dans la vie de tous les jours, au coin de la rue, dans un minshuku, lors d’un matsuri…on ne s’en aperçoit pas forcément, on se dit que c’est la façon d’être des japonais, mais c’est bien l’expression de la culture « d’accueil » des japonais. Pour ma part en regardant en arrière et en fouillant dans mes six mois déjà passés ici, je pense l’avoir déjà vécu plein de fois au quotidien, mais il y des expériences plus signifiantes, plus marquantes et je voudrais en partager deux.
La première « date » déjà, elle m’est arrivée quand j’étais à Okinawa avec mon chéri, plus précisément à Ishigaki (Je reparlerai d’Okinawa, qui a vraiment été un coup de foudre !). Nous étions allés voir le Tojinbaka, une tombe érigée en l’honneur d’esclaves chinois échoués sur l’ile, et le cap à proximité. Nous étions en train de finir notre pic-nic (merci Family Mart) et de reflechir à ce que nous allions faire ensuite, une idée assez folle comme : aller à l’observatoire à pied, 1h22 selon la très célèbre application GPS, mais sans compter le dénivelé et surtout la chaleur écrasante dépassant allégrement les 30° le tout au meilleur moment de la journée 13h30/14h…Nous étions donc en train de prévoir cette folle épopée quand un japonais, qui nous observait déjà depuis un petit moment, nous a aborder.
Il a commencé à poser des questions classiques en japonais puis finalement en anglais comme notre provenance, si on était en vacances…puis il nous a demandé quelle était la suite de notre journée. Nous lui avons donc expliqué notre projet fou et il a eu l’air…horrifié ! En montrant sa voiture, il nous fait comprendre qu’il pouvait nous y emmener, et en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire nous étions dans sa voiture en chemin pour l’observatoire ! Sur le chemin, mon Cheri et moi l’avons béni, cette ascension, à pied, aurait été un véritable enfer. Arrivés en haut, nous avons pu visiter l’observatoire, le timing n’était pas idéal nous n’avons donc pas pu voir la vidéo on 3D, mais on n’allait pas faire nos chieurs ! Notre guide nous a non seulement emmené sur le lieu, mais puisqu’il parlait anglais, il nous a aussi permis de comprendre un peu mieux la visite qui n’était qu’en japonais.
Nous voilà donc sorti de l’observatoire, et notre guide improvisé, qui nous demande si on a du temps, qu’est-ce que l’on prévoit ensuite…surpris on lui répond franchement qu’on ne sait pas, et voilà qu’il nous propose d’aller voir VERA, une énorme antenne et nous voilà reparti sur les routes d’Ishigaki ! Ce que l’on ne savait pas c’est que nous n’étions qu’au début de nos aventures.
Notre Super Guide, nous ensuite amené voir un lac, qui est une des principales ressources d’Ishigaki en eau potable, il nous a d’ailleurs expliqué que le niveau était anormalement bas. Puis nous sommes allés au phare d’Uganzaki d’où nous avons pu avoir une magnifique vue sur l’île et nous avons appris qu’il venait souvent plonger ici. Nous avons enchaîné avec un endroit qui a été le lieu d’une bataille, mais notre guide nous a surtout expliqué que c’est de cet endroit que part un câble qui relie l’île à Taiwan, si je me souviens bien, et autres, et qui permet à l’île d’avoir internet et/ou le téléphone. Désolée pour les informations un peu floues…Nous sommes repartis pour la baie de Kabira, où nous avons discuté un bon moment, il nous a expliqué qu’il était, entre autres, capitaine d’un des bateaux à fond de verre permettant d’observer les poissons de la baie. Puis surtout il nous a proposé quelque chose de magique, le clou du spectacle, de cette merveilleuse journée. Nous emmener voir les lucioles ! Mais avant nous avons fait un détour par la pointe de la baie de Kabira, il nous a montré l’endroit d’où il est possible de voir le rayon vert, un flash visible quelques secondes seulement, et qu’il a réussi à prendre en photo, et nous avons aussi pu assister au coucher de soleil.
Nous sommes donc partis pour l’étape finale de notre périple, les lucioles. C’est vraiment un phénomène magique, un moment unique que nous avons eu la chance de voir grâce à lui. C’est difficile à raconter, puisque c’est une expérience qu’il faut vivre. Nous avons pu voir des centaines de lucioles virevolter pendant environ une demi-heur. Malgré les autres personnes présentes c’était un moment assez calme à l’ambiance surréaliste. On se serait cru dans un manga, ou un animé. C’est assez indescriptible, je peux juste dire que je suis vraiment reconnaissante à notre guide bienfaiteur de nous avoir permis d’assister à cet événement, en plus de tout ce que nous avons pu voir dans la journée. Quand finalement il nous a laissé sur le parking du Family Mart non loin de notre hébergement, nous nous sommes regardés et demandés si ce qu’on venait de vivre était réel !!!
Dans la journée nous l’avions invité à aller boire un verre, pour le remercier, mais il n’a pas voulu, il nous a répondu que c’était Omotenashi, comme si c’était un devoir, et même un honneur de recevoir les touristes et de leur faire découvrir son île, et en même temps un comportement tout à fait banal et normal. Je crois que ce sera la plus belle expérience de ce genre, totalement désintéressée et pleine de bonté que j’expérimenterai. Sûrement une des expériences qui m’aura le plus marquée pendant cette année au Japon, tant par la gentillesse et le désintéressement de son action comme par l’expérience que nous avons pu vivre grâce à lui. Je lui serais à jamais reconnaissante pour cette merveilleuse, et surprenant journée, pleine de rebondissements et de moments inoubliables.
Sur ce, je vais vous laisser, je vous raconterai la deuxième expérience, dans un deuxième article. J’ai en tête les conseils de mon professeur sur la thématique des blogs internet, qui nous avait dit qu’il fallait faire court…je ne voudrais pas qu’il fasse une attaque s’il devait un jour passer sur mon blog…
Ping : Les guides Rurubu – Histoire d'un PVT au Japon